La réalisation d’un mur peint se faisait en principe à 3 pour plus d’efficacité. La première personne (M. Berthelot lui-même , puis plus tard M. Mazzetta) réalise le traçage , qui consiste à positionner et repérer lettres, logos ou dessins sur le mur, en général à partir d’un quadrillage. Puis les lettres et logos sont filés : avec une petite brosse mince à long manche et à poils courts (moins de 1 cm ) et d’une règle, l’aide trace rapidement les contours. Tout çà se fait à l’œil … et en hauteur…. Sujets à la tremblote, au strabisme, ou au vertige: s’abstenir…
Un troisième larron (parfois un apprenti) effectue alors le remplissage des motifs délimités avec la couleur adéquate. Certains d'entre eux, comme Alain Signoret, deviendront aussi peintres en lettres dans la région.
Ce système -notamment avec l’étape du filage- permet de réaliser rapidement de grands formats. Pour M Mazetta, la différence entre un peintre pignoniste et un peintre en lettres se situe justement dans la taille des sujets traités, atteignant parfois un quinzaine de m2, voire plus .
Saint Benin D'Azy |
Ceux qui travaillent seuls – comme Christian Souverain, un peintre en lettres en activité à la même époque- sont limités à des sujets moins spectaculaires. Idem pour ceux qui ne filent pas et qui perdent beaucoup de temps à peindre droit et sans bavures directement par surfaces.
J. Mazetta réalisera (entre autres) beaucoup de publicités Igol (comme ci-dessus)et des pignons pour des enseignes de bricolage encore bien visibles de nos jours. (Personnellement je trouve son style assez reconnaissable avec un lettrage toujours très net, sûrement dû à sa technique du filage. Et quand il y a des personnages leur réalisation fait assez "bande dessinée Marvel") .
Voyez ,tiré du site Ghostsigns, un exemple contemporain du procédé).
A la fin des années 80 les adhésifs offriront également des possibilités esthétiques supplémentaires. Puis viendra le scanner. (M Berthelot sera aussi un des premiers à s’équiper en numérique ) Les premiers exemplaires livrés par Star Color sont lents et émettent un bruit de crécelle. Il en coute 40 000 F de l’époque (soit environ 9000€ d'aujourd'hui). Le représentant de la marque est un ancien peintre en lettres avec un handicap au bras droit . Il vante les mérites de sa machine en assurant que pendant que la machine grinçante progresse, ligne après ligne, le patron » gagne de l’argent » . Et il joint le geste à la parole de son bras atrophié, comme s'il alignait des billets de banque .
La Société des Pub Berthelot aura compté jusqu’à sept peintres.
En novembre 1999 Jean-François Berthelot qui , entre temps, a déménagé pour des locaux plus grands sur la Zone Industrielle, vend sa société à un entrepreneur de Gien. Des désaccords avec ce dernier entraineront Joël Mazzetta à se mettre à son compte en 2001, entrainant avec lui la moitié de la clientèle des ex-Pub Berthelot, qui fermeront d'ailleurs peu après.
....la suite , bientôt.
Votre blog est vraiment d'une très belle facture et tout à fait passionnant ! Je l'ajoute à mon Pearltrees.
RépondreSupprimerJe ne résiste pas au plaisir de vous annoncer une série de murs publicitaires peints, de Cluny à Charolles, une jolie récolte à mon sens, qui sera publiée sur notre blog à partir du 8 mai...
Amitiés,
Jean-Christophe
http://lapubfaitlemur.brenier.com/
Merci ....Ma modestie souffre.....
SupprimerBienvenue aux collègues de la Saône et Loire, le plus beau département du monde (private joke....) ...qui m'éviteront certainement de trainer le nez au vent sur la D17 la prochaine fois que j'irai du côté de Macon.
Tout plutôt que l'ennuyeuse et monotone N79... ;)
RépondreSupprimerA bientôt,
JC
Mille mercis ! Captivant !
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